À regarder Monique Nantel et Natèle Chapuis rigoler, on pourrait penser qu’elles se connaissent depuis toujours. Les deux femmes évoquent leurs sorties dans les restaurants de Montréal, le magasinage et les discussions partagées. Cette rencontre, qui n’allait pourtant pas de soi, s’est révélée un véritable coup de foudre d’amitié.
Par Corinne Laberge
«Je suis vraiment tombée sur la bonne. Elle a juste une Grande Amie et c’est moi», lance fièrement Mme Nantel. Jumelée avec Natèle Chapuis depuis plus de deux ans grâce à l’organisme Les Petits Frères, le lien s’est établi tout naturellement.
«Nous étions probablement dues pour être ensemble. Ça a réellement bien adonné entre nous. Elle vient souvent me visiter, ça me fait toujours plaisir. Et puis elle m’a sortie je ne sais pas combien de fois», s’exclame la septuagénaire.
Si près de trente ans la séparent de son amie, la différence d’âge paraît toutefois s’effacer. La liste des intérêts qu’elles ont en commun est aussi longue que celle de leurs sujets de conversation.
«Mme Nantel est une source de sagesse incroyable», observe Mme Chapuis.
«On pourrait régler les problèmes du monde entier, mais on se garde une petite gêne», adjoint en riant l’aînée.
Parcours croisés
N’ayant aucune attente précise face au jumelage, elles se sont montrées ouvertes dès le départ. Pas question de considérer l’expérience comme un échec si jamais ça ne fonctionnait pas.
«Je n’étais pas encore en âge d’être une Grande Amie. J’avais alors 72 ans et il faut avoir 75 ans, mais quand Sylvie des Petits Frères a écouté mon histoire, elle m’a fait un cadeau. Elle m’a dit ‘on va vous prendre’», relate Monique Nantel.
Le lien solide qui s’est développé fait qu’elle considère désormais Natèle comme sa fille d’adoption. À ses yeux, ses enfants sont comme ses petits-enfants.
«Natèle a trois adolescents. Je ne sais pas comment elle fait pour trouver le temps de passer me voir», remarque la dame. «Ça me repose de venir ici», réplique en souriant sa complice.
Éloignée de ses proches demeurés en France, la bénévole a choisi de s’impliquer dans le contexte d’une période difficile. L’amitié avec sa Grande Amie est née à un moment opportun. «Je venais de me divorcer. Je n’ai pas de famille ici et j’étais seule avec mes enfants. J’avais aussi perdu ma grand-mère», explique la femme de 48 ans, pour qui cette relation est synonyme d’écoute, de réconfort et de fous rires à profusion.
De la même façon, Mme Nantel se sentait seule depuis le déménagement de sa fille unique. La présence de Natèle à ses côtés prenait donc tout son sens. «Parfois je trouvais le temps long avant qu’on commence à se voir. Maintenant je ne ressens plus ce même poids de solitude», confie celle qui a son appartement dans une résidence depuis cinq ans.
Avec l’application WhatsApp installée sur son appareil par sa copine d’une autre génération, garder le contact entre les visites est chose facile. L’aînée serait même particulièrement «techno», selon Mme Chapuis.
Se rencontrer à la croisée des chemins fut un tournant marquant, pour l’une et l’autre. Convaincues que d’autres peuvent avoir la même chance, elles espèrent que leur histoire trouve un écho.